Suite au confinement, 57 % des Français se disent plus sensibles à la qualité acoustique de leur environnement. Et grâce à la réduction des sources de bruit, 76 % ont ressenti des bénéfices sur leur santé (réduction de la fatigue et du stress, amélioration du sommeil et de la concentration).

Dès lors, l’importance d’évoluer dans un environnement sonore sain ne fait aucun doute.

C’est pourquoi la réalisation d'ouvrages à qualité acoustique maîtrisée est une préoccupation essentielle.

Dans ce contexte, les acteurs de la construction font de plus en plus appel à des acousticiens du bâtiment. Ceux-ci apportent aussi leur expertise dans des bâtiments destinés à l'habitat et l'hébergement mais aussi à l'enseignement, la recherche, les établissements de santé, de sports et de loisirs ainsi que les activités tertiaires ou commerciales.

Les acteurs :

• Maîtres d'ouvrages publics et privés,
• Programmistes, assistants à Maitrise d'Ouvrage (AMO),
• Concepteurs, architectes, bureaux d'études, économistes de la construction,
• Bureaux de contrôles,
• Entreprises de réalisation tous corps d'état.

Leur mission principale : réaliser des études acoustiques approfondies pour améliorer les performances de la construction.

Qu'est-ce que les études acoustiques ?

Même si leur champ d’application est assez large, les études acoustiques consistent principalement à évaluer et anticiper les qualités acoustiques d’un bâtiment – existant ou en cours de construction.

À travers diverses mesures et simulations, l’expert acousticien va estimer quels seront les matériaux les plus adaptés, en tenant compte des différents domaines de performance acoustiques (acoustique interne des locaux, émissions sonores et vibratoires des équipements, isolement acoustique aux bruits aériens intérieurs, isolement acoustique aux bruits aériens extérieurs et niveaux de bruits de chocs) et contraintes du projet (environnement, orientation, usage, etc.).

En pratique, il effectue plusieurs missions : 

• Études acoustiques pour des projets de construction, en collaboration avec les différents acteurs du projet (équipe de maîtrise et maître d’ouvrage).
• Diagnostics acoustiques sur des bâtiments existants.
• Préconisations visant à optimiser les performances acoustiques, notamment au niveau des matériaux.
• Accompagnement et suivi durant la mise en œuvre des traitements.
• Délivrance d’attestations de respect des réglementations acoustiques (mesures de réception acoustique dans les bâtiments).

Les normes et règlementations acoustiques

Il existe un certain nombre de réglementations et de normes dans le domaine des études acoustiques des bâtiments.

Réglementations françaises et européennes

De manière générale, les experts acousticiens se basent sur les réglementations françaises pour le respect des valeurs acoustiques à l’intérieur du bâtiment.

En complément, de nombreuses normes françaises et internationales s’appliquent en matière de mesures et de méthodologie.

On pense entre autres à la NF EN 10-052, décrivant les méthodes de contrôle pouvant être utilisées pour examiner les caractéristiques acoustiques des bâtiments.

De plus, certains pays européens ont défini des méthodologies, des process de mesures et des seuils de niveaux vibratoires que la France n’applique pas encore et dont elle pourrait s’inspirer.

Pour les logements…

Au niveau des logements, il existe une multitude de réglementations acoustiques. D’abord, l’arrêté du 30 juin 1999 fixe des objectifs acoustiques en matière de :

• Isolement au bruit aérien intérieur (entre 2 logements).
• Niveau de bruit de chocs (dans les logements adjacents). 
• Correction acoustique des locaux (matériaux absorbants dans les circulations communes).
• Niveau de pression acoustique normalisé, engendré par les équipements techniques (chaufferie, chaudière individuelle, ventilation, chauffage, climatisation…).

En complément, on trouve également des réglementations concernant :

• Le bruit venant de l’extérieur. L’arrêté du 30 mai 1996 fixe notamment des objectifs d’isolement de façade en fonction du classement des infrastructures routières à proximité du projet.
• Les bruits de voisinage. Pendant la construction, les logements existants à proximité ne doivent pas subir un bruit excessif. L’acousticien mesure alors l’environnement sonore avant le projet, puis détermine le niveau sonore que les travaux peuvent produire en respectant les valeurs réglementaires (décret du 31 août 2006).
• Le respect des objectifs acoustiques réglementaires dans les logements collectifs ou individuels (décret 30 mai 2011), dans le cadre d’une demande d’attestation. 

Enfin, plusieurs certifications environnementales permettent d’aller au-delà des objectifs réglementaires de base (ex : NF habitat HQE), par exemple avec l’isolement entre les pièces d’un même logement.

… et les entreprises

Concernant les entreprises, on peut distinguer celles qui sont soumises à des réglementations acoustiques spécifiques (établissements scolaires, hôteliers et de santé) et les autres. Pour ces dernières, il est possible de se baser sur des normes définissant des performances de qualité avec des objectifs pour chaque niveau, comme la NF-S31-080.

La certification environnementale HQE fournit également des objectifs intéressants. De même, les recommandations de l’OMS sur les niveaux de bruit recommandés sont aussi une inspiration pour les acousticiens.

Des études Acoustiques dans tous les domaines

Les études acoustiques concernent aussi bien les logements que les entreprises. 

Études acoustiques pour les logements

Commençons par les habitations. Certaines études acoustiques se font en amont de la construction. Il s’agit alors de travailler avec les promoteurs dès les premières phases du projet, jusqu’à sa finalisation. Le but est d’améliorer la performance acoustique du futur logement en respectant les réglementations en vigueur.

Dans ce cadre, l’acousticien accompagne la maîtrise d’œuvre et d’ouvrage dans la conception du bâtiment, afin d’optimiser les différents éléments. Bien sûr, il existe d’importantes différences selon le mode constructif. Il faut donc envisager des solutions spécifiques pour l’isolement acoustique et la réduction du niveau des bruits de chocs.

Concrètement, l’entreprise acoustique aide d’abord à fixer les objectifs d’isolement de façade selon divers critères environnementaux (infrastructures routières, angle de vision, distance, etc.). En complément, elle peut également réaliser des études pour l’acoustique intérieure (entre les logements). Elle commence alors par définir des objectifs selon les réglementations acoustiques, les exigences environnementales et les besoins du client.

Puis elle fait des recommandations qui peuvent concerner tous les lots techniques. Gros œuvre, menuiseries extérieures et intérieures, éléments de façade, bruit des équipements, revêtements sol, chapes, entrées d’air avec isolement acoustique spécifique, éléments séparatifs entre locaux, etc.

Ensuite, tout au long du chantier, l’acousticien effectue des visites et mesures pour vérifier le respect de la qualité acoustique et de mise en oeuvre. Généralement, il valide les principes de mise œuvre dans des cellules témoins. Après validation, ces principes sont étendus à l’ensemble du projet.

Pour les entreprises

En second lieu, les acousticiens font également des études acoustiques pour les entreprises. Certaines sont soumises à des réglementations spécifiques, avec des niveaux à respecter et des méthodes de détermination.

Voici différents contextes dans lesquels des entreprises font appel à un expert acousticien :

• Respect des réglementations en matière de bruit de voisinage. Afin d’éviter les nuisances sonores pour les riverains, le professionnel compare les niveaux sonores avec l’équipement à l’arrêt, et le niveau de bruit ambiant avec l’équipement en marche. 

• Installations classées pour l’environnement (ICPE), soumises à des réglementations de niveau de bruit résiduel et ambiant (émergence réglementaire).

• Bruit au travail. L’étude acoustique consiste à mesurer le niveau maximum de bruit reçu pendant la durée d’exposition (journée de travail de 8 heures). La réglementation indique des mesures à prendre à partir de 80 dB, mais il est tout à fait possible d’indiquer des mesures de prévention en dessous de ce seuil. 

• Études en conception pour la construction d’un bâtiment avec réglementation acoustique spécifique (écoles, hôtels, cabinet médicaux, etc.). Les mesures et recommandations portent notamment sur l’isolation entre les pièces qui requièrent un niveau important de discrétion, de confidentialité, de calme ou d’intelligibilité. L’acousticien intervient alors à plusieurs phases, en précisant le dimensionnement et les performances acoustiques à mesure que le projet avance. Il commence par définir les objectifs d’isolement et le dimensionnement général des préconisations. Puis il affine le calcul de la performance des matériaux choisis. Enfin, il se penche sur des détails plus précis, comme les revêtements de sols durs, l’intégration de siphons de sol dans le plancher ou la pose de matériaux absorbants / réfléchissants dans un amphithéâtre.

• Bâtiments non soumis à des réglementations spécifiques, mais nécessitant un traitement acoustique adéquat pour travailler dans de bonnes conditions (bâtiments juridiques, restaurants, bureaux en open space ou salles de spectacles...). Notez que certaines particularités peuvent entraîner des transmissions sonores parasites, comme les faux plafonds et les cloisons amovibles.

Cas des bâtiments existants

En outre, il arrive également qu’un acousticien intervienne sur des bâtiments existants pour faire des diagnostics acoustiques. C’est notamment le cas si aucune étude acoustique n’a été réalisée pendant le projet de construction ou lors de travaux.

Ainsi, une entreprise peut contacter un expert dans le cadre d’un projet de rénovation. Cela lui permet par exemple de choisir entre deux variantes de travaux, selon la qualité de la performance acoustique et les contraintes actuelles du bâtiment. Le diagnostic est également utile pour sélectionner les matériaux et traitements respectant le mieux les réglementations en matière d’isolement acoustique et de bruit de chocs. 

Pour un particulier, l’enjeu peut être d’identifier des problématiques acoustiques et de trouver des solutions pour corriger les défauts (ex : bruit de voisinage avec diffusion de musique amplifiée).

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En résumé, une grande variété d’acteurs ont recours aux études acoustiques :

• Promoteurs ayant des exigences acoustiques pour les mesures de réception.
• Maîtrise d’ouvrage (études acoustiques spécifiques, notamment pour l’isolement des façades). Les architectes ont tout intérêt à collaborer avec un acousticien pour traiter les divers problèmes acoustiques en amont.
• Maître d'oeuvre (lors des phases de conception du projet APS, APD, PRO, DCE, VISA, DET, AOR...)
• Collectivités (ICPE, établissements avec réglementations spécifiques…).
• Entreprises (ex : traitement acoustique des bureaux).
• Particuliers (ex : livraison prochaine d’un logement avec des problèmes acoustiques).

Outils et logiciels utilisés par les acousticiens

Les études acoustiques impliquent l’utilisation de multiples outils, aux différentes phases du projet. 

Premièrement, l’acousticien emploie divers outils de mesure :

• Sonomètre intégrateur de classe 1, homologué et vérifié régulièrement en laboratoire. Cet outil de précision acoustique est calibré avant et après chaque mesure, afin d’éviter les erreurs et les déviations.
• Machine à chocs, servant à mesurer les bruits de chocs. Elle est munie de 5 marteaux en ligne qui viennent frapper le sol à une fréquence répétée.
• Source de bruit rose, émettant un niveau de bruit à toutes les fréquences, pour les mesures d’isolement entre les locaux. 
• Dosimètre : petit sonomètre mesurant les niveaux de bruit sur l’ensemble d’une journée. Il permet notamment de déterminer l’exposition des travailleurs.
• Caméras acoustiques (rarement utilisées), pour identifier les sources de bruit.
• Signal impulsionnel, pour mesurer la durée de réverbération en stimulant l’ensemble des bandes de fréquence. Il peut être provoqué en explosant un ballon de baudruche ou en tirant avec un pistolet d’alarme (idéal pour les grands volumes).

En complément, l’expert utilise aussi les outils de dimensionnement en fonction des objectifs :

• Fiches de mesures et de calculs des performances acoustiques et des durées de réverbération de chaque matériau.
• Logiciel de modélisation 3D, plus précis que les fiches de mesures.
• Modélisations intérieures acoustiques, pour connaître la durée de réverbération et tous les critères concernant la perception acoustique dans un espace. Un logiciel par tir de faisceau simule plusieurs critères (clarté, définition…) en considérant la réflexion, la diffusion et l'absorption contre les parois en fonction des matériaux.
• Logiciel orienté environnement. Fonctionnant comme le précédent, il détermine les niveaux de bruit des équipements extérieurs jusqu’aux riverains les plus proches, en comparant l’émergence avec et sans traitement des sources de bruits potentiellement bruyantes.

Déroulement des mesures et études acoustiques

Les études acoustiques se font tout au long du projet de construction, avec un affinement progressif des mesures et des préconisations.

Déroulement et collaboration avec l’équipe de construction

Dans la pratique, l’intervention de l’acousticien repose sur des échanges et des discussions avec  les différents acteurs du projet de construction :

1. Récupération des plans de l’architecte, et discussions sur le mode constructif et le parti architectural du projet.
2. Modélisation du bâtiment en 3D (façades, cloisons intérieures & extérieures, menuiseries extérieures …).
3. Importation de la modélisation dans un logiciel acoustique qui définit les performances acoustiques de chaque élément / matériau prévu (affaiblissement ou absorption acoustique, niveau de bruit de choc…). Cette étape permet de savoir si les objectifs sont atteints ou non. Si besoin, l’acousticien peut modifier les performances des matériaux.
4. Discussions avec l’équipe pour qu’elle adapte son projet selon les objectifs visés. En support, une notice acoustique rappelle et synthétise les objectifs et préconisations pour les atteindre.

En amont, on trouve les études de conception :

1. Phase ESQ ou DIAC, qui permet l'analyse de la faisabilité acoustique du projet.
2. Phase APS (avant-projet sommaire), qui commence avant le permis de construire. Il s’agit de dimensionner l’ensemble des matériaux du projet.
3. Phase APD (avant-projet définitif) : pour décider avec l’architecte quels matériaux seront utilisés, dans le respect du parti architectural.
4. Phases PRO (Projet) jusqu’au DCE (dossier de consultation des entreprises). Concernant plutôt les entreprises, elles visent à détailler au maximum la mise en œuvre des préconisations et le choix des matériaux, notamment d’un point de vue technique.

Viennent ensuite les études d’exécution :

1. Phase visa (synthèse technique). Les entreprises de construction proposent différents produits à la maîtrise d’œuvre. Airtcontrole aide alors à valider les produits choisis selon leurs performances acoustiques, les procès-verbaux réalisés par les laboratoires, les notes de calcul des bruits d’équipement et les plans d’exécution.
2. Phase suivi de chantier (DET). Possibilité de déplacement sur site pour vérifier la mise en œuvre correcte des traitements, via des tests intermédiaires et des mesures en cours de chantier.
3. Chantier finalisé (AOR). Mesures de réception acoustique pour tester l’atteinte des objectifs, en vue de délivrer l’attestation validant la conformité et la cohérence avec les réglementations.

Conclusion

Encore peu connu, le domaine des études acoustiques requiert des connaissances spécifiques pour effectuer des mesures et des préconisations adaptées.

De ce fait, un expert acousticien doit avoir une bonne connaissance des réglementations en vigueur et des performances acoustiques des différents matériaux – sachant que de multiples facteurs entrent en jeu (géométrie du local, temps de réverbération intérieure, etc.).

C’est pourquoi Airtcontrole développe son pôle acoustique et forme son personnel à cette discipline si particulière.